Aller jusqu au bout du chemin de la liberté

Publié le par Pascal Usseglio

Pascal Usseglio (PS): «la liberté des traders détruit nos libertés!»

MANIFESTE. Jeune premier secrétaire fédéral du parti socialiste pour le Loir-et-Cher élu à l'occasion du dernier congrès de son parti, Pascal Usseglio livre à Libération, à quelques heures de l'ouverture de l'université d'été de La Rochelle, une tribune baptisée «Aller jusqu’au bout du chemin de la liberté!»
et ayant pour thématique «la liberté comme projet politique pour les socialistes». Il traduit la position de Nicolas Sarkozy face aux rémunérations des traders comme révélatrice d'une politique qui nuit «à l'humanité dans son ensemble».


«La crise ne s'oublie pas. Les rémunérations indécentes des sorciers de l'économie laissent un goût amer. Nicolas Sarkozy s’agite à ce sujet. Mais le vrai problème n'est pas que les traders soient payés grassement. Le vrai problème est qu'ils puissent commettre librement des actes qui nuisent à l’humanité dans son ensemble.

Leurs libertés détruisent nos libertés !

C'est cela qui ne s'oublie pas dans la crise.

Ne plus être libre d'avoir un toit, ne plus être libre de se nourrir, ne plus être libre de se soigner, ne plus être libre de s'éduquer,  ne plus être libre de se cultiver, ne plus être libre d'avoir des loisirs. C’est cela qui ne s’oublie pas.

La contradiction de notre temps est de voir simultanément progresser les libertés en droit tandis que régressent les libertés d’accomplir.

La liberté se résume aujourd’hui dans les politiques publiques à la recherche de l’égalité en droit illustrée souvent par le terme d’égalité des chances. Cette liberté se réduit à «une autorisation à». Vous êtes autorisé à avoir des loisirs, à vous éduquer, à voter, à travailler... La loi vous le permet, elle vous en donne même parfois le droit absolu à l’image du droit au logement opposable.

Trait d’union entre démocrates de droite et de gauche, cette liberté formelle est essentielle car elle garantit à chacun l’absence d’entrave juridique à ce qu’elle veut accomplir.

Mais avoir le droit d’accomplir ne suffit pas à pouvoir accomplir.

Les travaux d’Amartya Sen, Prix Nobel d’économie, apportent sur la notion de liberté un éclairage important. Dans son «approche par les capacités», la liberté est à la fois la fin et le moyen du développement. Il développe ainsi la notion de liberté positive qui est ce qu’une personne est en capacité d’accomplir effectivement.

Cette «approche par les capacités» peut éclairer utilement la gauche et en particulier le Parti Socialiste dans l’élaboration d’un projet de société qui replace l’Homme au cœur de ses préoccupations. Un projet de société où la liberté en droit des traders ne puisse réduire la liberté positive d’un grand nombre d’êtres humains.

Les socialistes défendent et font progresser les libertés. Perdant de vue, dans les nécessités du quotidien l’horizon de justice que nous voulons atteindre, nous nous sommes cantonnés dans la lutte contre les injustices. Notre discours a davantage porté sur les interdits: ce qu’il faut empêcher pour que le monde n’aille pas de mal en pis.

La droite défend la liberté, cette liberté qui libère les hommes de leur entrave juridique, mais c’est une liberté qui fait la moitié du chemin.

Nous, socialistes, devons aller au bout du chemin. Nous avons la responsabilité de défendre cette liberté qui manque à tant d’hommes et de femmes, cette liberté qui porte en elle l’idée féconde que chaque homme et chaque femme libre en choix et en conscience peut vivre et choisir sa route sans que se dressent des murs d’impossibilités. C’est cette liberté qui est le chemin du développement humain.

Pascal Usseglio
Premier secrétaire fédéral
Parti Socialiste
Fédération du Loir-et-Cher».

Publié dans débats

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